Chasse aux trésors, sans trésor... /SETH\

Une journée longue comme celle-ci ? Loane ne se souvenait pas en avoir vécut une seule depuis son arrivée à la Criminelle… Et pourtant c’était possible. L’intervenant qui aurait mieux fait de s’abstenir s’était trouver être un ancien légiste à la retraite, friand d’anecdote douteuse sur ses conversations avec les cadavres. Il avait parut pervers avec ses regard libidineux, et en plus, il s’était écouter parler tout le long des 4 heures de cours où il avait étouffé les deuxièmes années de sa présence inutile. Pour Loane, c’était encore pire que de traverser une forêt en flamme sur une unique jambe attachée à un boulet et avec une meute de loup et deux percepteurs d’impôt à ses trousses… et encore, elle était raisonnable. Alors quand la dernière seconde de la dernière minute sonna, elle bondit littéralement de sa chaise comme si sa vie en avait dépendu et avait filer entres les étudiants pour courir vers la sortie.

Ce qu’il y avait eu de plus dur dans l’histoire, c’était de se dire « encore deux heures et je rejoins Seth… encore 30 minutes et je le rejoins… » Et tandis qu’elle courrait à moitié, un sourire de bonheur stupide gravé sur le visage, se prenant pour une héroïne de série à la fin de l’épisode avec les cheveux dans le vent, elle heurta deux ou trois Etudiants… Ce qui gâcha la scène… Mais la fit revenir à la normal. Loane regarda alors sa montre. Elle avait encore du temps ! Le matin même elle avait donné rendez-vous à Seth, et sachant qu’il n’appréciait pas forcément être entouré de monde, c’était au Tropical Botanic Garden que c’était porté son choix. Et non satisfaite d’avoir trouvé un lieu aussi magnifique pour faire sa « pause Seth », Loane avait également envoyée à se dernier un message qui lui permettrait de la trouver dans tout se dédale de végétation : « Trouve la Cyathea dealbata et tu me trouveras ! »

Un petit jeu complètement stupide, mais qu’elle adorait : Etre l’objet d’un jeu de piste. A cette évocation, elle lâcha un rire sec en pleine rue qui fit sursauter quelques passants, et continua sa route vers le Botanic. Loane y arriva après un petit tour en tramway. Elle se promena quelques minutes dans ce magnifique jardin, après tout, elle était vraiment en avance et elle serait surprise de voir que Seth avait déjà trouver la plante qu’elle avait désignée. Et lorsqu’elle y arriva, un petit sourire bienveillant se dessina sur le visage de la Néo-Zélandaise. Là, le symbole de son pays, l’arborescente argenté se trouvait dans un petit creux de végétation presque à l’abri des regards. Si elle l’avait choisit, c’était parcequ’après un long séjour en Nouvelle-Zélande avec elle, Seth devait reconnaitre cette plante parmi des centaines d’autre !! Mais elle avait encore du temps, et préféra s’allonger dans l’herbe plutôt que de scruter les chemins… Loane plaça son portable à côté d’elle, certaine qu’il lui demanderait des informations en plus pour la trouver… Mais après tout, il était aussi imprévisible qu’elle, alors Loane pouvait bien s’attendre à tout.

J’avais longtemps hésité ce matin, cherchant dans un recoin de ma tête la volonté qui me pousserait à me lever, à déserter ma chambre que je n’avais aucunement envie de quitter. J’eus aussi envie de détruire en miette le stupide réveil qui finit par détruire toutes mes bonnes résolutions. Ma mauvaise humeur s’adoucit quand je croisais Sa route. Je me sentais bête en sa présence, incapable d’agir comme je le voudrais, comme si quelque chose m’empêchait de le faire, les minces de ce cruel manque de confiance retenant mes paroles et mes gestes. Pendant tout un mois j’avais souffert de cela tout en profitant du moindre instant passé à ses côtés. J’avais accepté sa proposition sans hésiter, retrouvant l’espace d’un instant un semblant de déconctraction et de liberté qui me permit de ne pas passer pour un imbécile. Je devais souvent avoir l’air idiot, j’ai tellement peur de la décevoir ou de faire une erreur qui me forcerait à la perdre que je me perds dans ces pensées qui me font finalement, bien mal à la tête tellement elles me préoccupent.
Je me surpris à trouver le temps long, à maudire les aiguilles de cette montre fatiguée qui refusaient d’avancer à une allure que je jugeais correcte. J’avais eu la vague intention de ne parler à personne aujourd’hui, de rester plus seul que jamais pour ne pas déverser ma sale humeur sur un pauvre imbécile qui aurait la bonne idée de me chercher. Voilà que mon planning venait de changer, et en mieux qui plus est.

Je fis mine d’oublier mon dernier cours de la matinée, m’enfermant quelques heures dans la bibliothèque pour tenter de bosser, même si cela m’était difficile en cet instant. Je réussis quand même à perdre la notion de ce temps qui avait eu l’air de s’être arrêté dans l’antre suffoquant de cette salle de cours fort agaçante. Ma sortie attira l’attention de la bibliothécaire qui trouva moyen de se plaindre, murmurant des paroles incendiaires à mon sujet. Elle m’avait déjà remarqué quand mon portable avait sonné. Stupide machine qui ne marche jamais. Je crois qu’au fond, j’ai horreur de ces petits trucs. La technologie ne m’aime pas, et je lui rends bien. Mon dernier téléphone portable à d’ailleurs finit sa vie en s’écrasant du haut du troisième étage. Une saute d’humeur lui avait offert un ticket pour un saut à l’élastique, sans élastique bien entendu.
Après la montre qui refusait d’avancer correctement, je dus faire face à une foule fort peu coopérative. Agacé, irrité, je dus me mordre les lèvres pour retenir le flot d’injures qui ne demandait qu’à sortir. Mon cœur cessa sa folle symphonie à l’instant même où je franchissais l’entrée du Tropical Botanic Garden. Je ressortis le stupide engin, un violent trou de mémoire ayant effacé le contenu de son message de ma stupide petite tête. J’ai dû froncer les sourcils un long moment, restant planté là sans bouger à fixer l’écran déjà noir de mon portable. La trouver ? Trouver quoi ? Il me fallut encore un petit moment avant d’entendre le misérable déclic dans mon esprit. J’esquissais un léger sourire, soudainement amusé. J’aimais ce trait de sa personnalité, cette tendance à faire de la chose la plus anodine, un véritable divertissement.
En attendant, amusé ou non, je me sentis de nouveau stupide. Je l’avais vu un nombre incalculable de fois cette foutue plante durant notre petit séjour. Elle m’en avait beaucoup parlé aussi. Le nom, je l’avais entendu, elle avait ris devant le mal que j’avais eu pour le retenir sans me tromper. Voilà que j’étais incapable de remettre la main dessus. Je tentais de me repasser notre séjour, la première fois qu’elle me l’avait montré. Je revoyais tout ça mais un passage manquait. Je fus tenter de l’appeler pour la supplier de venir me chercher comme le ferait un gamin qui se serait rendu compte que sa mère l’a abandonné, lassé par son jeu de cache-cache ridicule.

Je finis par sortir de ma léthargie, avançant dans ce dédale de verdure, à la recherche d’une plante sans nom, que je devrais identifier à l’aide de la vague image qui demeurait dans mes souvenirs. Il faut dire qu’une plante, emblème d’un pays ou non, ce n’est pas très marquant. J’avais été absorbé par autre chose pendant ce court petit mois. Son sourire, ses regards, tout cela restaient gravé en moi avec une précision certaine. C’est Elle que je reconnus en premier quand je débouchais enfin dans un coin à l’abri du reste, quasiment oublié du monde dans lequel il avait été planté. J’étais en retard, son petit jeu m’avait fait perdre du temps. J’aurai du lui en vouloir pour ça, moi qui ai horreur des retards, mais à bien y regarder cela m’était impossible.

« -J’ai tant de retard que ça pour que tu ais le temps de faire la sieste ? » J’étais resté planter devant elle, hésitant à m’asseoir à ses côtés. Mon cœur martelait mes côtes, me faisant souffrir. J’avais pourtant envie de me retrouver près d’elle, de laisser mes doigts frôler les siens. J’avais envie de lui faire comprendre à quel point elle comptait pour moi. Beaucoup d’envies… Beaucoup d’angoisses aussi.

Sa leçon me fit sourire, malgré l’air sérieux qu’elle avait pu prendre d’un seul coup. Je commençais à bien la connaître pour savoir que cela n’était qu’un faux-semblant. Une charmante comédie qui réussit à me détendre. Je me sentais toujours ‘crispé’ quand je me trouvais face à elle. Le nœud qui broyait mes entrailles m’agaçait fortement, je savais ce que je devais faire pour que tout cela cesse, je le savais mais je n’osais pas agir. Elle était une amie, une précieuse amie, et je me refusais de la perdre juste parce que mes sentiments envers elle avaient franchit la barrière si mince entre amitié et.. amour ? Ce simple mot me faisait peur. Je n’avais jamais autant douté, autant eu peur de faire un pas en avant. La perdre me serait fatal je m’en rendais bien compte. Elle était la seule qui me comprenait vraiment, celle à qui je pouvais me confier sans avoir peur de passer pour un parfait idiot. Elle me connaît, aussi bien que je peux la connaître, et cette complicité arrive à m’étonner parfait.
Et si j’étais le seul à être aussi troublé ? Et si j’étais le seul à me faire des idées et à espérer une chose qui détruirais certainement notre amitié ? J’ai eu pendant quelque temps, durant notre séjour en Nouvelle Zélande, l’impression qu’elle éprouvait la même chose. Cette idée absurde avait finit par disparaître de mon esprit. Alors pourquoi est-ce que je tente de lui faire comprendre ce que je ressens à chaque fois que je suis avec elle ?
J’étais resté planté, la regardant s’asseoir sans broncher. Mon cœur me faisait souffrir, et je sentais d’agréables frissons glisser le long de mon échine. Son simple regard était suffisant pour me troubler, pour embraser mes reins qui me hurlait leur douleur. Traîtres, qui rêvaient de me voir faire le faux pas qui lui ferait savoir que je le voyais plus comme une amie depuis bien longtemps.

J’esquissais un nouveau sourire quand elle me tendit le minuscule beignet que je fixais pendant un bref instant. J’avais horreur de ces trucs, et elle était bien la seule qui pouvait se vanter d’arriver à m’en faire avaler plus d’un. Lui faire plaisir ? Peut être bien, mais il faut dire que ces machins ne sont pas si mauvais. Non je ne fais pas attention à ma ligne, bien au contraire. Ma mère me forçait à manger plus que de raison, me trouvant trop maigre quand j’ai commencé à devenir un ado dépressif. Je la remercie pour ça d’ailleurs.
J’attrapais le petit morceau de pâte et finis par m’installer à ses côtés. Mes doigts avaient frôlé les siens quand je m’étais saisi du beignet, geste qui me fit frissonner avec une douloureuse intensité.

« C’est pas gentil de me punir, tu sais très bien que moi et les noms ça fait deux. Et puis bon, les énigmes sur les plantes j’en fais pas tous les jours… » Je regardais un moment face à moi, suivant du regard les promeneurs qui passaient devant nous sans sembler voir qu’un autre coin de verdure se trouvait là. Pas étonnant que j’ai eu autant de mal à la trouver cette plante, personne ne la connaît ici et elle a l’air d’intéresser que très peu de monde. Je crois que c’est la seule chose qui me déplait dans ce pays, le peu d’intérêt qu’on peut porter au reste. Regarder son nombril et rien d’autre, voilà la seule chose que j’ai pu constater depuis mon arrivée en Floride. Je vais pas dire que l’Islande est différente, nous sommes collés les uns contre les autres qu’il est facile de s’occuper de celui d’à côté. Le reste du monde se fiche un peu de nous, c’est peut être pour que personne ne cherche à vraiment savoir ce qui se passe dans les pays voisins.

« - En plus, tu as pris la seule espèce de plante qui est cachée dans un coin. Je sais à quel point tu aimes ton pays, mais visiblement ici personne ne connaît… » Un brin de provocation et de malice était venue se glisser dans ma voix. Je posais mon regard sur elle, la fixant avec une mutinerie non dissimulée.